Le zinc : Dr Badr Ameur
Les
oligoéléments forment un groupe d’éléments qui ont beaucoup d’actions au sein
du métabolisme, ils entrent dans la composition des enzymes, des
métalloprotéines, dans la signalisation cellulaires, et les nombreuses hormones
qui régissent l’équilibre dynamique et statique du sujet. Le zinc occupe une
place importante puisqu’il se trouve dans plus de 200 enzymes du corps.
SYMPTOMES ET ACTIONS :
plusieurs
anomalies sont liées au manque de zinc :
-
Il cause la perte du goût et de l’odorat.
- Il réduit la perméabilité du tube digestif, car il a un rôle
de maintien de l’intégrité du mur
intestinal, surtout en cas ou le TNFα compromet la couche
épithéliale, il permet avec la vit A la régénération de la couche cellulaire
atteinte, le zinc participe à l'absorption et au métabolisme de la
vitamine A.
-La spermatogenèse est un processus qui nécessite la présence de zinc,
il est associé aux gonadotrophines et aux hormones sexuelles.
L'hypogonadisme est une des manifestations du déficit en zinc.
-Le zinc est nécessaire à la synthèse de la protéine liant le rétinol
(RBP). Le zinc participe aussi à la conversion métabolique du rétinol en
rétinaldéhyde par le biais de la ‘’metalloenzyme rétinol déshydrogénase’’.
Cette conversion est une étape critique du cycle de la rétine. Le déficit en
zinc se traduit par une mauvaise adaptation à l'obscurité.
- la présence de zinc est essentielle au bon développement du
système nerveux depuis la conception jusqu’à l’âge avancé, il intervient dans
la transmission du signal nerveux de certains neurones glutaminergiques. C’est
un cofacteur de la synthèse de la dopamine, de la sérotonine et la mélatonine,
ces neurotransmetteurs contrôlent l’humeur, la concentration, et la qualité du
sommeil. Le déficit en zinc réduit le taux de leptine responsable en partie du
signalement énergétique du sujet.
-Le zinc est un des cofacteurs essentiels de certaines enzymes
impliquées dans la synthèse de plusieurs composants de la trame osseuse,
Les cristaux d'hydroxyapatite contiennent du zinc associé à du fluor.
-L'anhydrase carbonique est une metalloenzyme importante du métabolisme
acide-base a besoin de zinc pour assurer sa fonction.
-il n’intervient pas directement dans le stress oxydatif, mais il a un
rôle protecteur, faisant partie des antioxydants comme pour l’enzyme
super-oxyde composant des enzymes
réparateurs des acides nucléiques.
- Le zinc, est cofacteur de nombreuses enzymes. Plus de 200 métallo-enzymes dépendent du zinc. Le thymuline est une
hormone secrétée par le thymus, c’est une métalloprotéine impliquée dans la
maturation des lymphocytes T. Le zinc joue ainsi un rôle central dans la régulation du système
immunitaire.
-le zinc permet de restaurer la T3 circulante chez les sujets
déficients.
SUPLÉMENTATIONS :
Le zinc se trouve essentiellement en
intracellulaire. Plus de 95 % du zinc
corporel se trouve dans les cellules, dont 60 % à 80 % dans le cytosol. Les os et les muscles contiennent 90 % du zinc
corporel, qui est difficilement mobilisable. Les autres organes qui contiennent
du zinc sont le foie (1,8 %), les intestins, les reins, la peau, les
poumons, le cœur, le cerveau et le pancréas. On trouve le zinc dans les Huîtres,
le bœuf, l’agneau, le germe de blé grillé, les épinards, les graines de
citrouille, les graines de courge, les noix, le chocolat noir, le porc, le poulet,
les haricots et les champignons. Les besoins quotidiens en zinc varient de 2mg/j
chez les nourrissons jusqu’à 10 a12 mg/j chez les personnes âgées. La
supplémentation en Zinc permet de guérir plus rapidement les infections
courantes, et permet surtout de réduire la fréquence des infections des voies
aériennes. Une supplémentation en cuivre est largement recommandée, La
conséquence d'une consommation trop importante de Zinc à long terme (par
exemple 60 mg/jour) est une déficience en Cuivre. On recommande de ne pas
dépasser les doses les 5mg/j chez les nourrissons, de ne pas dépasser les
40mg/j chez les personnes âgées et 30mg/j chez les adolescents.
Les causes du déficit en zinc :
Plusieurs causes engendrent le déficit en zinc, consommer des
aliments qui ne sont pas riche en zinc, ou des aliments qui empêchent son absorption,
une alimentation riche en céréales peut causer des déficits en zinc du fait de
leur richesse en phytates. Un apport trop important en fer et en
cuivre peut considérablement diminuer l’absorption du zinc, similaire aux
phytates. Plusieurs produits chimiques, des xénobiotiques peuvent engendrer une déplétion en zinc,
parmi ces produits : des antibiotiques comme les isoniazides et les
cyclines, des anticonvulsivants comme l’acide valproique qui est largement
prescrit surtout chez l’enfant pendant plusieurs années, les
anti-inflammatoires surtout les corticostéroïdes, les antiviraux, les
diurétiques surtout les thiazidiques, les inhibiteurs de l’angiotensine, les
bloqueurs des canaux calciques, les statines, les séquestrant des acides
biliaires comme la cholestéramine, les fibrates. L’utilisation chronique de
médicaments inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), dont l'inhibition de la
production d'acide gastrique (et l'élévation du pH de la lumière
gastroduodénale) peut rendre le zinc luminal non résorbable. L'utilisation maintenant fréquente
des IPP pour traiter le reflux gastro-œsophagien chez les nouveau-nés rend ce
groupe particulièrement préoccupant à cet égard. De plus, l'organisme ne
possède pas de réserves de zinc (contrairement au fer ou au calcium), donc ses
besoins quotidiens en zinc dépendent fortement d'un apport quotidien
satisfaisant de zinc pour prévenir les carences en zinc. Enfin les insecticides, les
herbicides, et les ‘’bioherbicides’’ comme le glyphosate, et autres produits
ménagers sont responsables de déplétions divers surtout du manganèse, du fer,
du zinc, du sélénium et du cuivre.
Les
pathologies en rapport avec le déficit en zinc :
Plusieurs
pathologies sont associées au déficit du zinc, la diversité de leur
localisation témoigne de l’importance de l’élément zinc dans le métabolisme et
son intrication dans l’apparition de ces maladies, la supplémentation en zinc
veut s’avérer très utile et même essentielle pour rétablir l’anomalie.
-Plusieurs
maladies neurologiques apparaissent lors d’une perturbation de l’homéostasie du
zinc, on peut citer la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, l’ADHD,
l’amyotrophie sclérosante latérale, syndrome de Down, plusieurs scléroses, la
maladie de Wilson, et la maladie de Pieck. Plus encore des déficits en zinc ont
été notés chez les sujets qui ont eu des ischémies cérébrales transitoires,
dans les crises convulsives au cours de traumas crâniens ou des alcooliques(1).
La supplémentation en zinc n’est pas cependant suivie d’une augmentation du
zinc a l’intérieur du système nerveux, et peut être captée par les protéines
anormales. La méthode d’introduction du zinc a l’intérieur de la cellule fait
l’objet de plusieurs recherches.
-en gastroentérologie : Le zinc renforce la fonction de barrière épithéliale
gastro-intestinale, et peut occuper une place importante dans son action
thérapeutique potentielle dans plusieurs maladies gastro-intestinales. Les
constatations au cours des maladies inflammatoires intestinales ont permis de
corréler plusieurs pathologies inflammatoires au déficit du zinc et la
destruction des cellules en brosses du tube digestif et de la couche muqueuse
protectrice, laissant ainsi le passage aux différentes molécules protéiques de
grandes tailles. La deuxième
considération est que ces maladies inflammatoires de l'intestin (IBD) génèrent
des problèmes de malabsorption gastro-intestinale, donnant finalement lieu au
déficit en zinc. L’amélioration de la barrière peut être induite par le zinc,
et s'avérer être un moyen de réduire la morbidité dans certaines de ces
pathologies. Dans ce cadre on peut
éviter le développement de plusieurs maladies, comme la maladie cœliaque, la
maladie de Crohn, les colites ulcéreuses, le syndrome de fatigue chronique. Il
est de même pour un certain nombre de
cancer du tube digestif(2), le mécanisme par lequel le zinc est capable de
produire cet effet peut être lié à sa capacité à prévenir le stress oxydatif
qui cause des dommages à l'ADN. Certaines études ont montré une corrélation
entre de faibles taux sériques de zinc
et les cancers de la prostate, de l'ovaire, du poumon, de la vésicule biliaire
et de la tête et du cou(3). Dans les diarrhées aigües, des méta-analyses très
récentes de plusieurs études étayent
montrent une diminution de la durée de la diarrhée avec une thérapie au
zinc. Enfin l’acrodermatite entéropathique
dans sa forme acquise résulte d’un déficit en zinc, son apparition est
précoce souvent après le sevrage maternel.
- En
néphrologie : le cadmium est toxique pour les tubules rénaux, la
supplémentation de zinc permet de protéger les reins de ces effets toxiques(6).
Des études faites en cas d’insuffisances
rénales montraient des taux faibles de zinc.
- en
dermatologie : plusieurs lésions dermatologiques sont associées à de
faibles doses de zinc dans le sang (le dosage sanguin semble être un bon
indicateur des besoins en zinc). On peut citer les stomatites angulaires des
lèvres, les dermatites séborrhéiques naso-labiales, les dermatites
séborrhéiques entre les sourcils, les dermatites rétro auriculaires, ou du
pourtour des orifices des narines, enfin les alopécies et les
leuconychies.
-en
cardiologie : Le déficit en zinc primitif ou secondaire entraîne une
altération marquée des cellules myocardiques structurelles et fonctionnelles.
Le taux faible de zinc est dû à l'augmentation de son élimination par le rein,
ces deux constatations semblent
représenter un marqueur diagnostique et pronostique important dans les
cardiomyopathies chroniques à échec. La cardiomyopathie dilatée, en particulier
chez les sujets âgés, peut être considérée comme une maladie myocardique
primitive ou secondaire au déficit en Zn(7).
Précautions
d’emploi:
Prendre des
doses élevées pendant longtemps peut générer des signes de surdosage, qui se
manifestent par des nausées, des vomissements, une perte d'appétit, des crampes
d'estomac, de la diarrhée et des maux de tête. Lorsque les gens prennent trop
de zinc pendant une longue période, il existe aussi des signes qui simulent de
faibles niveaux de cuivre, comme une immunité plus faible et de faibles taux de
cholestérol HDL. Certaines personnes
peuvent ressentir une irritation de la bouche et de la gorge. Des symptômes
pseudo-grippaux tels que fièvre, frissons et toux peuvent également survenir.
Un ictère cutanéomuqueux en cas de lésions hépatique provoquées par l’excès de
zinc.
Les
interactions sont utiles à connaitre : Les compléments alimentaires de
zinc peuvent interagir ou interférer avec la prise de médicaments, la prise simultanée de zinc
et de quinolone ou de tétracycline limite l’absorption des deux composés, mieux
vaut prendre l'antibiotique au moins 2 heures avant ou 4-6 heures après la
prise d'un complément alimentaire en zinc aide à minimiser cet effet. Les
compléments alimentaires de zinc peuvent réduire la quantité de pénicillamine
(un médicament utilisé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde) que le corps
absorbe, pour minimiser cet effet, le zinc peut être pris au moins 2 heures
avant ou après la prise de pénicillamine.
1-Brain-Delivery of Zinc-Ions as Potential Treatment for Neurological
Diseases: Mini Review Drug Deliv Lett. Author manuscript; available in PMC 2011 Nov 18. Andreas M. Grabrucker,1,* Magali Rowan,1 and Craig C. Garner1
2-Transformed human cells fail to grow in zinc
concentrations which permit normal human fibroblast proliferation.
Epstein J Cell Physiol. 1982 Jan; 110(1):17-22
3-Cellular mechanisms of zinc dysregulation: a
perspective on zinc homeostasis as an etiological factor in the development and
progression of breast cancer. Alam S, Kelleher SL.Nutrients. 2012 Aug;
4-Zou TT, Mou J, Zhan
X. Zinc Supplementation in Acute Diarrhea. Indian J Pediatr. 2014:Epub ahead of
print
5-Oral zinc supplementation for the treatment of
acute diarrhea in children: a systematic review and meta-analysis.
Lamberti LM, Walker CL, Chan KY, Jian WY, Black RE
Nutrients. 2013 Nov 21; 5(11):4715-40.
6-Zinc protects renal function during cadmium intoxication
in the rat.
Jacquillet G, Barbier O, Cougnon M, Tauc M, Namorado MC, Martin D, Reyes
JL, Poujeol P
Am J Physiol Renal Physiol. 2006 Jan; 290.
7-Are failured cardiomyopathies a zinc-deficit
related disease? A study on Zn and Cu in patients with chronic failured dilated
and hypertrophic cardiomyopathies. Ripa S1, Ripa R, Giustiniani S. 1998 Nov-Dec;89(11-12):397-403.