dimanche 9 avril 2023

   

                                  Le zinc :    Dr Badr Ameur


    Introduction :

 

Les oligoéléments forment un groupe d’éléments qui ont beaucoup d’actions au sein du métabolisme, ils entrent dans la composition des enzymes, des métalloprotéines, dans la signalisation cellulaires, et les nombreuses hormones qui régissent l’équilibre dynamique et statique du sujet. Le zinc occupe une place importante puisqu’il se trouve dans plus de 200 enzymes du corps.   

 

SYMPTOMES ET ACTIONS :

  plusieurs anomalies sont liées au manque de zinc :

- Il cause la perte du goût et de l’odorat.

- Il réduit la perméabilité du tube digestif, car il a un rôle de  maintien de l’intégrité du mur intestinal, surtout en cas ou le TNFα compromet la couche épithéliale, il permet avec la vit A la régénération de la couche cellulaire atteinte, le zinc participe à l'absorption et au métabolisme de la vitamine A.  

-La spermatogenèse est un processus qui nécessite la présence de zinc, il  est associé aux gonadotrophines et aux hormones sexuelles. L'hypogonadisme est une des manifestations du déficit en zinc.  

-Le zinc est nécessaire à la synthèse de la protéine liant le rétinol (RBP). Le zinc participe aussi à la conversion métabolique du rétinol en rétinaldéhyde par le biais de la ‘’metalloenzyme rétinol déshydrogénase’’. Cette conversion est une étape critique du cycle de la rétine. Le déficit en zinc se traduit par une mauvaise adaptation à l'obscurité.

- la présence de zinc est essentielle au bon développement du système nerveux depuis la conception jusqu’à l’âge avancé, il intervient dans la transmission du signal nerveux de certains neurones glutaminergiques. C’est un cofacteur de la synthèse de la dopamine, de la sérotonine et la mélatonine, ces neurotransmetteurs contrôlent l’humeur, la concentration, et la qualité du sommeil. Le déficit en zinc réduit le taux de leptine responsable en partie du signalement énergétique du sujet.

-Le zinc est un des cofacteurs essentiels de certaines enzymes impliquées dans la synthèse de plusieurs composants de la trame osseuse,  Les cristaux d'hydroxyapatite contiennent du zinc associé à du fluor.

-L'anhydrase carbonique est une metalloenzyme importante du métabolisme acide-base a besoin de zinc pour assurer sa fonction.

-il n’intervient pas directement dans le stress oxydatif, mais il a un rôle protecteur, faisant partie des antioxydants comme pour l’enzyme super-oxyde  composant des enzymes réparateurs des acides nucléiques.

- Le zinc, est cofacteur de nombreuses enzymes. Plus de 200 métallo-enzymes dépendent du zinc. Le thymuline est une hormone secrétée par le thymus, c’est une métalloprotéine impliquée dans la maturation des lymphocytes T. Le zinc joue ainsi un rôle central dans la régulation du système immunitaire.

-le zinc permet de restaurer la T3 circulante chez les sujets déficients.

SUPLÉMENTATIONS :

Le zinc se trouve essentiellement en intracellulaire. Plus de 95 % du zinc corporel se trouve dans les cellules, dont 60 % à 80 % dans le cytosol. Les os et les muscles contiennent 90 % du zinc corporel, qui est difficilement mobilisable. Les autres organes qui contiennent du zinc sont le foie (1,8 %), les intestins, les reins, la peau, les poumons, le cœur, le cerveau et le pancréas. On trouve le zinc dans les Huîtres, le bœuf, l’agneau, le germe de blé grillé, les épinards, les graines de citrouille, les graines de courge, les noix, le chocolat noir, le porc, le poulet, les haricots et les champignons. Les besoins quotidiens en zinc varient de 2mg/j chez les nourrissons jusqu’à 10 a12 mg/j chez les personnes âgées. La supplémentation en Zinc permet de guérir plus rapidement les infections courantes, et permet surtout de réduire la fréquence des infections des voies aériennes. Une supplémentation en cuivre est largement recommandée, La conséquence d'une consommation trop importante de Zinc à long terme (par exemple 60 mg/jour) est une déficience en Cuivre. On recommande de ne pas dépasser les doses les 5mg/j chez les nourrissons, de ne pas dépasser les 40mg/j chez les personnes âgées et 30mg/j chez les adolescents. 

Les causes du déficit en zinc :

Plusieurs causes engendrent le déficit en zinc, consommer des aliments qui ne sont pas riche en zinc, ou des aliments qui empêchent son absorption, une alimentation riche en céréales peut causer des déficits en zinc du fait de leur richesse en phytates. Un apport trop important en fer et en cuivre peut considérablement diminuer l’absorption du zinc, similaire aux phytates. Plusieurs produits chimiques, des xénobiotiques  peuvent engendrer une déplétion en zinc, parmi ces produits : des antibiotiques comme les isoniazides et les cyclines, des anticonvulsivants comme l’acide valproique qui est largement prescrit surtout chez l’enfant pendant plusieurs années, les anti-inflammatoires surtout les corticostéroïdes, les antiviraux, les diurétiques surtout les thiazidiques, les inhibiteurs de l’angiotensine, les bloqueurs des canaux calciques, les statines, les séquestrant des acides biliaires comme la cholestéramine, les fibrates. L’utilisation chronique de médicaments inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), dont l'inhibition de la production d'acide gastrique (et l'élévation du pH de la lumière gastroduodénale) peut rendre le zinc luminal non résorbable. L'utilisation maintenant fréquente des IPP pour traiter le reflux gastro-œsophagien chez les nouveau-nés rend ce groupe particulièrement préoccupant à cet égard. De plus, l'organisme ne possède pas de réserves de zinc (contrairement au fer ou au calcium), donc ses besoins quotidiens en zinc dépendent fortement d'un apport quotidien satisfaisant de zinc pour prévenir les  carences en zinc. Enfin les insecticides, les herbicides, et les ‘’bioherbicides’’ comme le glyphosate, et autres produits ménagers sont responsables de déplétions divers surtout du manganèse, du fer, du zinc, du sélénium et du cuivre.

Les pathologies en rapport avec le déficit en zinc :

Plusieurs pathologies sont associées au déficit du zinc, la diversité de leur localisation témoigne de l’importance de l’élément zinc dans le métabolisme et son intrication dans l’apparition de ces maladies, la supplémentation en zinc veut s’avérer très utile et même essentielle pour rétablir l’anomalie.

-Plusieurs maladies neurologiques apparaissent lors d’une perturbation de l’homéostasie du zinc, on peut citer la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, l’ADHD, l’amyotrophie sclérosante latérale, syndrome de Down, plusieurs scléroses, la maladie de Wilson, et la maladie de Pieck. Plus encore des déficits en zinc ont été notés chez les sujets qui ont eu des ischémies cérébrales transitoires, dans les crises convulsives au cours de traumas crâniens ou des alcooliques(1). La supplémentation en zinc n’est pas cependant suivie d’une augmentation du zinc a l’intérieur du système nerveux, et peut être captée par les protéines anormales. La méthode d’introduction du zinc a l’intérieur de la cellule fait l’objet de plusieurs recherches.

 -en gastroentérologie : Le  zinc renforce  la fonction de barrière épithéliale gastro-intestinale, et peut occuper une place importante dans son action thérapeutique potentielle dans plusieurs maladies gastro-intestinales. Les constatations au cours des maladies inflammatoires intestinales ont permis de corréler plusieurs pathologies inflammatoires au déficit du zinc et la destruction des cellules en brosses du tube digestif et de la couche muqueuse protectrice, laissant ainsi le passage aux différentes molécules protéiques de grandes tailles.  La deuxième considération est que ces maladies inflammatoires de l'intestin (IBD) génèrent des problèmes de malabsorption gastro-intestinale, donnant finalement lieu au déficit en zinc. L’amélioration de la barrière peut être induite par le zinc, et s'avérer être un moyen de réduire la morbidité dans certaines de ces pathologies. Dans ce cadre  on peut éviter le développement de plusieurs maladies, comme la maladie cœliaque, la maladie de Crohn, les colites ulcéreuses, le syndrome de fatigue chronique. Il est de même pour  un certain nombre de cancer du tube digestif(2), le mécanisme par lequel le zinc est capable de produire cet effet peut être lié à sa capacité à prévenir le stress oxydatif qui cause des dommages à l'ADN. Certaines études ont montré une corrélation entre  de faibles taux sériques de zinc et les cancers de la prostate, de l'ovaire, du poumon, de la vésicule biliaire et de la tête et du cou(3). Dans les diarrhées aigües, des méta-analyses très récentes de plusieurs études étayent  montrent une diminution de la durée de la diarrhée avec une thérapie au zinc. Enfin l’acrodermatite entéropathique  dans sa forme acquise résulte d’un déficit en zinc, son apparition est précoce souvent après le sevrage maternel.

- En néphrologie : le cadmium est toxique pour les tubules rénaux, la supplémentation de zinc permet de protéger les reins de ces effets toxiques(6).  Des études faites en cas d’insuffisances rénales montraient des taux faibles de zinc.

- en dermatologie : plusieurs lésions dermatologiques sont associées à de faibles doses de zinc dans le sang (le dosage sanguin semble être un bon indicateur des besoins en zinc). On peut citer les stomatites angulaires des lèvres, les dermatites séborrhéiques naso-labiales, les dermatites séborrhéiques entre les sourcils, les dermatites rétro auriculaires, ou du pourtour des orifices des narines, enfin les alopécies et les leuconychies. 

-en cardiologie : Le déficit en zinc primitif ou secondaire entraîne une altération marquée des cellules myocardiques structurelles et fonctionnelles. Le taux faible de zinc est dû à l'augmentation de son élimination par le rein, ces deux constatations  semblent représenter un marqueur diagnostique et pronostique important dans les cardiomyopathies chroniques à échec. La cardiomyopathie dilatée, en particulier chez les sujets âgés, peut être considérée comme une maladie myocardique primitive ou secondaire au déficit en Zn(7).

 

Précautions d’emploi:

Prendre des doses élevées pendant longtemps peut générer des signes de surdosage, qui se manifestent par des nausées, des vomissements, une perte d'appétit, des crampes d'estomac, de la diarrhée et des maux de tête. Lorsque les gens prennent trop de zinc pendant une longue période, il existe aussi des signes qui simulent de faibles niveaux de cuivre, comme une immunité plus faible et de faibles taux de cholestérol HDL.  Certaines personnes peuvent ressentir une irritation de la bouche et de la gorge. Des symptômes pseudo-grippaux tels que fièvre, frissons et toux peuvent également survenir. Un ictère cutanéomuqueux en cas de lésions hépatique provoquées par l’excès de zinc.

Les interactions sont utiles à connaitre : Les compléments alimentaires de zinc peuvent interagir ou interférer avec la prise  de médicaments, la prise simultanée de zinc et de quinolone ou de tétracycline limite l’absorption des deux composés, mieux vaut prendre l'antibiotique au moins 2 heures avant ou 4-6 heures après la prise d'un complément alimentaire en zinc aide à minimiser cet effet. Les compléments alimentaires de zinc peuvent réduire la quantité de pénicillamine (un médicament utilisé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde) que le corps absorbe, pour minimiser cet effet, le zinc peut être pris au moins 2 heures avant ou après la prise de pénicillamine.

 

 

 

 

 

 

 

1-Brain-Delivery of Zinc-Ions as Potential Treatment for Neurological Diseases: Mini Review Drug Deliv Lett. Author manuscript; available in PMC 2011 Nov 18. Andreas M. Grabrucker,1,* Magali Rowan,1 and Craig C. Garner1

 

2-Transformed human cells fail to grow in zinc concentrations which permit normal human fibroblast proliferation.

Epstein J Cell Physiol. 1982 Jan; 110(1):17-22

 

3-Cellular mechanisms of zinc dysregulation: a perspective on zinc homeostasis as an etiological factor in the development and progression of breast cancer. Alam S, Kelleher SL.Nutrients. 2012 Aug;

 

 4-Zou TT, Mou J, Zhan X. Zinc Supplementation in Acute Diarrhea. Indian J Pediatr. 2014:Epub ahead of print

 

5-Oral zinc supplementation for the treatment of acute diarrhea in children: a systematic review and meta-analysis.

Lamberti LM, Walker CL, Chan KY, Jian WY, Black RE

Nutrients. 2013 Nov 21; 5(11):4715-40.

 

6-Zinc protects renal function during cadmium intoxication in the rat.

Jacquillet G, Barbier O, Cougnon M, Tauc M, Namorado MC, Martin D, Reyes JL, Poujeol P

Am J Physiol Renal Physiol. 2006 Jan; 290.

 

7-Are failured cardiomyopathies a zinc-deficit related disease? A study on Zn and Cu in patients with chronic failured dilated and hypertrophic cardiomyopathies. Ripa S1Ripa RGiustiniani S. 1998 Nov-Dec;89(11-12):397-403.